Les dictateurs sont capables de faire beaucoup de choses, obtenir de leur armée qu'elle tire sur le peuple, comme aujourd'hui en Syrie, affamer celui-ci, comme en Corée du Nord, l'embarquer dans des guerres sans fin, mais il est une chose qu'ils ne savent pas faire : cacher leur mort plus de quelques heures. On pourrait imaginer qu'ils réussissent à construire un régime qui leur survive et les maintienne, quoique mort, au sommet. Ce n'est pas faute d'essayer. Dans l'Egypte ancienne, ils se déclaraient divinité et se faisaient construire des temples mortuaires qui, s'ils ont passé les siècles ont rapidement été oubliés des contemporains. En l'URSS et dans le monde communiste, on les embaumait et faisait défiler devant des dépouilles admirablement conservées des foules silencieuses et forcément recueillies. Dans le monde contemporain, leurs proches tentent de les maintenir en vie aussi longtemps que possible, comme ce fut le cas pour Franco, mais dés qu'ils disparaissent, impossible de cacher la nouvelle très longtemps. Deux jours, pas plus en Corée du Nord, pays pourtant très secret. Le temps sans doute d'organiser la communication sur la succession et la succession elle-même pour donner le sentiment que tout est bien huilé, bien maîtrisé. Pas question que le peuple puisse, une seconde, imaginer une vacance à la tête de l'Etat. C'est sans doute cela qui force à annoncer cette mort. Le seul soupçon d'une absence à la tête de l'Etat lui ferait perdre aussitôt toute légitimité et toute force.
On connait depuis Kantorowicz la théorie des deux corps du roi, le corps politique qui ne peut pas mourir, et le corps physique qui est lui mortel. Cette succession coréenne semble confirmer sa thèse. Sauf, qu'elle s'appliquait au Moyen-Age et traitait de thématiques développées par les théoriciens, théologiens et canonistes d'avant la Renaissance.
On connait depuis Kantorowicz la théorie des deux corps du roi, le corps politique qui ne peut pas mourir, et le corps physique qui est lui mortel. Cette succession coréenne semble confirmer sa thèse. Sauf, qu'elle s'appliquait au Moyen-Age et traitait de thématiques développées par les théoriciens, théologiens et canonistes d'avant la Renaissance.
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