Cette crise de l'euro est aussi, et peut-être surtout, une crise de l'Europe qui vient de se conclure par la victoire de l'Allemagne et de son projet européen, victoire que vient de signer le départ de la Grande-Bretagne. On a beaucoup insisté sur l'opposition entre la France et la Grande-Bretagne, sur cette main de David Cameron qu'un Nicolas Sarkozy exaspéré a refusé de serrer. Et il est probable que la France n'a rien fait pour retenir les britanniques. Il me semble, cependant, qu'à l'inverse de ce qu'affirment à peu près tous les analystes, les britanniques étaient sur le fond du projet plus proches des Français que des Allemands. A l'inverse de l'Allemagne, de l'Italie ou de la Belgique, la Grande-Bretagne et la France sont deux pays anciens, organisés autour d'un pouvoir central puissant qui s'est trouvé de longues décennies à la tête d'empires coloniaux considérables. La souveraineté nationale, le contrôle par le centre du pays sont des notions qui ont, en Angleterre comme en France, nourri des dirigeants politiques qui n'imaginent pas l'Europe autrement que comme une extension de leur puissance. L'idée que celle-ci puisse être bridée par des institutions indépendantes, supranationales les hérissent au plus point. Sur ce point, nous sommes tous peu ou prou gaullistes. Ce que De Gaulle disait en 1962 pourrait être repris aujourd'hui par tous nos dirigeants : "C’est sur des éléments d’action, d’autorité, de responsabilité qu’on peut construire l’Europe. Quels éléments ? Eh bien, les États ! Car il n’y a que les États qui soient à cet égard valables, légitimes et capables de réaliser. J’ai déjà dit et je répète, qu’à l’heure qu’il est il ne peut pas y avoir d’autre Europe que celle des États, en dehors des mythes, des fictions, des parades."
Les Allemands (mais aussi les Italiens, les Espagnols, les Belges) sont dans une position toute différente. Ils ont l'expérience du fédéralisme, d'un pouvoir central contrôlé par des pouvoirs régionaux et par des institutions indépendantes. Or, on imagine mal pour l'Europe un autre modèle que celui-là. On ne voit pas quel européen pourrait accepter que Paris ou Berlin devienne la capitale de l'Europe comme Paris l'est de la France ou Londres de l'Angleterre. On ne voit pas comment on pourrait faire vivre ensemble tout un continent sans une bonne dose de fédéralisme. C'est ce modèle que les Allemands avaient en tête lorsqu'ils ont imposé l'indépendance de la banque centrale, c'est celui qu'Angela Merkel a défendu lorsqu'elle a voulu, au delà des considérations économiques, des dispositifs qui renforcent les contrôles sur les Etats membres. C'est ce modèle, naturel aux Allemands, c'est le leur depuis toujours, qu'a refusé la Grande-Bretagne. C'est sans doute aussi ce qui fonde l'hostilité grandissante à l'égard de l'Europe en France et les réserves qu'exprimait Hubert Védrine dans un article du Monde (Le fédéralisme n'est pas la solution miracle à la crise). L'Allemagne, l'Italie, l'Espagne ou la Belgique ont des modèles nationaux qui peuvent s'étendre à la dimension d'un continent. Ce n'est le cas ni de la Grande-Bretagne ni de la France malgré nos timides tentatives de décentralisation. Les Allemands n'ont pas seulement une économie plus forte, ils ont aussi un modèle démocratique mieux adapté à la construction européenne. Et, qu'on le veuille ou non, cela nous condamne à les suivre. Dit autrement, et malgré tous les discours sur l'axe franco-allemand, l'Europe s'inspirera plus des institutions allemandes que des notres.
Les Allemands (mais aussi les Italiens, les Espagnols, les Belges) sont dans une position toute différente. Ils ont l'expérience du fédéralisme, d'un pouvoir central contrôlé par des pouvoirs régionaux et par des institutions indépendantes. Or, on imagine mal pour l'Europe un autre modèle que celui-là. On ne voit pas quel européen pourrait accepter que Paris ou Berlin devienne la capitale de l'Europe comme Paris l'est de la France ou Londres de l'Angleterre. On ne voit pas comment on pourrait faire vivre ensemble tout un continent sans une bonne dose de fédéralisme. C'est ce modèle que les Allemands avaient en tête lorsqu'ils ont imposé l'indépendance de la banque centrale, c'est celui qu'Angela Merkel a défendu lorsqu'elle a voulu, au delà des considérations économiques, des dispositifs qui renforcent les contrôles sur les Etats membres. C'est ce modèle, naturel aux Allemands, c'est le leur depuis toujours, qu'a refusé la Grande-Bretagne. C'est sans doute aussi ce qui fonde l'hostilité grandissante à l'égard de l'Europe en France et les réserves qu'exprimait Hubert Védrine dans un article du Monde (Le fédéralisme n'est pas la solution miracle à la crise). L'Allemagne, l'Italie, l'Espagne ou la Belgique ont des modèles nationaux qui peuvent s'étendre à la dimension d'un continent. Ce n'est le cas ni de la Grande-Bretagne ni de la France malgré nos timides tentatives de décentralisation. Les Allemands n'ont pas seulement une économie plus forte, ils ont aussi un modèle démocratique mieux adapté à la construction européenne. Et, qu'on le veuille ou non, cela nous condamne à les suivre. Dit autrement, et malgré tous les discours sur l'axe franco-allemand, l'Europe s'inspirera plus des institutions allemandes que des notres.
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