mercredi, juin 06, 2012

Les journalistes politiques s'ennuient…

Depuis quelques jours, nous les voyons en peine, les journalistes politiques. Plus rien à se mettre sous la dent, les ministres sont discrets, se gardent de toute déclaration fracassante, le Président s'est fait photographié, ce qui nous a valu une avalanche de commentaires de photographes dont on ne sait s'ils appréciaient la photo ou le photographe. On nous a raconté en long, en large et en travers que Nicolas Sarkozy était allé au cinéma. La belle affaire! Mais rien d'autre, aucune petite phrase, aucune brouille de bout de couloir à se mettre sous la dent, rien sinon ces quelques mots insignifiants de Cécile Duflot (dont les tenus ont discrètement changé) sur la dépénalisation du cannabis.

Ils n'osent encore dire que le gouvernement fait rien, mais ils en brûlent d'envie. Alors même que cette fadeur d'un juin pluvieux est le meilleur signe qu'Hollande et son gouvernement puissent donner, le meilleur gage que les corps intermédiaires auront leur mot à dire, que les ministres vont travailler sur les dossiers. Ce qui pourrait d'ailleurs les mettre en difficulté : parce que plus que des journalistes politiques, ce sont des journalistes spécialisés (en économie, transports, éducation, énergie…) qu'il faut pour interroger des ministres qui travaillent vraiment. Ces journalistes existent, ils peuvent s'imposer, comme l'a montré François Lenglet lors de la campagne présidentielle. Leurs questions sont souvent plus pointues, plus difficiles, plus intéressantes aussi, que celles des spécialistes des petites phrases. Mais le débat démocratique a tout à y gagner. La meilleure nouvelle de ces premières semaines est sans doute le spleen qui gagne les journalistes politiques.


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