Les ennuis judiciaires à venir de Denis Gautier Salagnac (patron de la très puissant UIMM au MEDEF, il aurait détourné près de 6 millions d'euros des caisses de l'organisation patronale) ont dores et déjà donné lieu à une théorie du complot.
C'est @rret sur image, le blog de Daniel Schneiderman et son équipe qui a le premier dégainé et deviné le complot. Le raisonnement est simple : ce sont des journaux des groupes Lagardère et Dassault qui ont les premiers diffusés des informations sur une enquête qui n'aurait pu, nous dit-on, avoir lieu sans la bénédiction des plus hautes autorités de l'Etat. Il y a donc anguille sous roche. Et l'anguille est toute trouvée : l'argent aurait été détourné pour financer les organisations syndicales, comme le suggère à mi-mot un journaliste du Figaro dans deux passages de son article :
- "Côté patronat, c'était hier, silence radio. « No comment ». Laurence Parisot n'a pas souhaité réagir à chaud sur l'affaire révélée par Le Figaro. Cela ne veut pas dire que la présidente du Medef restera éternellement silencieuse. Plus probablement veut-elle prendre le temps d'évaluer sereinement une situation bien embarrassante. Et pas seulement pour le patronat ! En témoigne l'absence de réaction des syndicats, habituellement si prompts aux commentaires, qui plus est lorsqu'il s'agit d'un « scandale » patronal."
- "Nombre d'observateurs subodorent en effet que ces fonds étaient en réalité versés à des organisations syndicales, de façon à peu près aussi transparente qu'étaient financés les partis politiques avant que la loi n'y mette bon ordre."
La publication de cette information à la veille de négociations qui s'annoncent difficiles pour le pouvoir n'aurait donc d'autre objet que de mettre un peu plus en position de faiblesse les organisations syndicales.
Tout cela est, bien sûr, avancé sans la moindre preuve et laisse rêveur :
- Si les syndicats sont menacés par ces révélations, le MEDEF pourrait ne pas sortir indemne de cette opération. Le pouvoir veut-il l'affaiblir lui aussi?
- Ces méthodes sentent bon le gaullisme d'hier et la Chiraquie. Pour le sarkozisme, ce serait une première. N'est-ce pas un peu tôt pour une équipe qui vient tout juste de s'installer?
- Entraîner les syndicats dans un scandale financier est-il la meilleure manière de les "calmer"? Cela pourrait, au contraire, les inciter à se radicaliser pour montrer à leurs troupes qu'ilils ne se sont pas laissés acheter ;
- Quelles négociations en cours, quels conflits graves auraient, ces dernières années justifié ces paiements?
Il est vrai qu'aller chercher de l'argent en liquide quand chacun sait que c'est risqué au delà de certaines sommes, comme l'ont fait DSG et ses collaborateurs, laisse également rêveur…
1 commentaire:
Tout cela a quand même pas mal de sens :
les syndicats français ne sont pas représentatifs de la masse salariale en France, comparé à d'autres pays européens. Le nombre limité d'adhérents ne permet pas leur train de vie ni d'être une menace crédible dans le privé.
les grèves dans le privé sont pratiquement inexistantes. Elles n'arrivent que lorsqu'une usine est en cours de fermeture (ce qui ne sert pas à grand chose). Le syndicalisme dans le privé est limité comparé aux grandes structures de fonctionnaires.
Donc le MEDEF a acheté la paix sociale. Laissons les faire la grève et garder leurs avantages dans la fonction publique (c'est le contribuable qui paye), du moment qu'ils nous laissent tranquilles.
Donc tout cela a du sens. De plus la comparaison chiraquie/sarkozysme est assez injuste, vu que ces derniers sont au puvoir depuis peu de temps. Et c'est probablement dans l'intérêt de Sarkozy d'en finir avec des syndicats d'un autre âge.
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