Familles Rurales vient de réaliser une étude intéressante que publie La Croix : on y apprend notamment que les prix des fruits et légumes ont augmenté en France (hors Ile de France les grandes villes) en moyenne respectivement de 15,4 et 10, 5%, augmentations que les raisons climatiques avancées par le ministère de l'agriculture ne justifient qu'à moitié (les raisons climatiques n'expliqueraient, d'après Familles Rurales, que 5% de ces hausses de prix).
Augmentations qui n'ont, par ailleurs, rien à voir avec celles des produits laitiers qui avaient fait la une au printemps et qui étaient, on s'en souvient, liées à la hausse des coûts de production (hausse du prix des céréales). L'article fourmille d'exemples : "Ainsi le prix de la tomate a pu varier de 1,29 € le kilo dans les Côtes- d’Armor à 3,30 € dans la Marne. Autre exemple, le melon qui a fait le yo-yo en juin entre 1,50 € la pièce dans le Finistère et 3,50 € en Gironde. Les relevés ont montré qu’un même produit dans une même surface de vente a pu passer du simple au double selon le département." Familles Rurales qui a créé son observatoire des prix en 2006 conclue qu'il faudrait s'interroger sur l'opacité des réseaux de distribution.
Cette étude est d'autant plus intéressante que cette organisation familiale (180 000 familles adhérentes, 45 000 bénévoles, 20 000 salariés) publie en générale des analyses très fines des prix des produits alimentaires. Dans son rapport de 2007, l'association s'interrogeait sur les stratégies des grands distributeurs en matière de gestion des produits premier prix : "La faible augmentation voire la diminution du prix moyen du panel « 1er prix » au cours de l’année 2007 cache en réalité une hausse entre 2006 et 2007. Accroître les prix en début d’année n’est-il pas une façon d’échapper aux indices économiques calculés pendant l’année ? Les familles les plus modestes, qui achètent en grande majorité ces produits, subissent-elles les augmentations que les distributeurs ne peuvent pas effectuer sur les produits de « grandes marques » ?"
L'étude de cette année met en évidence un effet de contagion : les prix des fruits et légumes augmentent parce que ceux des autres produits alimentaires ont augmenté. Tout se passe comme si ceux qui construisent les prix (essentiellement les distributeurs) se disaient : "mais pourquoi pas un coup de pousse sur les fruits et les légumes? Les consommateurs n'y verront que du feu". Ces hausse sont d'autant plus faciles à faire passer qu'on peut leur donner une explication rationnelle. Cette année, les conditions climatiques ont fait l'affaire. Reste que ces hausses sont inégalement réparties. Il y a ceux qui ont du mal à les faire passer, les producteurs confrontés aux acheteurs des grands distributeurs à la recherche des meilleurs prix, capables de faire jouer la concurrence, et ceux qui ont plus de liberté : ces mêmes grands distributeurs qui échappent, grâce à leurs monopoles locaux, à la concurrence.
Ces hausses massives nous rappellent opportunément que l'inflation est aussi construite par les distributeurs, quoique veuillent nous faire croire Michel-Edouard Leclerc et tous ses collègues qui se présentent si volontiers en chevaliers blancs du pouvoir d'achat.
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