Avec la visite du pape à Lourdes (et à l'Elysée mais semble-t-il en catimini pour cause de double divorce de Nicolas Sarkozy) on va beaucoup entendre parler de religion ans les semaines qui viennent.
Ayant été amené, cet été, à assister à quelques cérémonies religieuses catholiques, j'ai été frappé par l'expression d'une foi qui me parait assez nouvelle (il est vrai que je fréquente d'ordinaire peu les églises). Deux phénomènes ont particulièrement retenu mon attention : le retour de pratiques anciennes dans les cérémonies, le latin, la communion agenouillé avec l'hostie glissé dans la bouche (deux pratiques récemment autorisées par Benoit XVI mais dont je ne pensais qu'elles reviendraient aussi vite dans une église dont les prêtres ont été, pour la plupart, formés après Vatican II) et l'affluence à la communion (la quasi totalité des participants à la messe allant communier quand seule une minorité s'avançait autrefois). J'y ajouterai des comportements individuels, comme l'agenouillement pendant le service…
Ces comportements suggèrent un retour à une pratique plus rigoureuse et plus dynamique de la religion chez les fidèles. Au moins chez les plus aisés que j'ai pu observer lors de ces cérémonies. Ce qui parait, à première vue, aller à l'encontre de toutes les statistiques qui indiquent le recul de la pratique religieuse en France.
Il serait assez tentant d'expliquer cette évolution des comportements des catholiques pratiquants par un réflexe de minorité assiégée : plus on se sent minoritaire plus on durcit ses positions. Mais c'est loin d'être l'impression que donnaient ces fidèles. Ils semblaient, au contraire, à l'aise dans leur foi et plutôt conquérants (je pense, notamment, à un mariage célébré par un "petit gris", un membre de la Communauté Saint-Jean que l'on sait aussi dynamique que contestée ). On pourrait également expliquer cette exigence par l'enthousiasme de néophytes, mais les fidèles que j'ai pu observer appartiennent à des familles catholiques et depuis longtemps pratiquantes. J'avancerai une autre hypothèse : le développement d'un décalage accru entre les comportements et les pratiques des classes aisées (qui assistaient à ces messes dont je parle, restées ou redevenues pratiquantes) et le reste de la population.
Un phénomène qui n'est d'ailleurs pas sans rappeler ce que décrit, pour les Etats-Unis, Larry M.Bartels dans son dernier livre (Unequal democracy ) : c'est dans les classes aisées beaucoup plus que dans les classes populaires qu'on observe des évolutions dans le domaine moral et culturel (opinion sur l'avortement…) et un retour à des valeurs plus traditionnelles.
Si cette hypothèse était vérifiée, si l'on observait, par exemple, une modification des comportements en matière de divorce selon les milieux sociaux, il faudrait, comme pour les Etats-Unis, en conclure à une retour d'une société de classes, classes dont les différences de comportement s'étaient estompées ces cinquante dernières années.
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