J'étais samedi dernier invité à parler de l'avant-garde dans une galerie parisienne dans le vingtième arrondissement. Il y a quelques années, cela se serait passé dans le sixième, quartier qui change. On me disait tout à l'heure que les Laines Ecossaises, institution plus que centenaire du boulevard Saint-Germain (créées il y a 116 ans) vont fermer en juillet pour cause de loyer trop élevé. Un salon de coiffure un peu plus loin sur le trottoir d'en face vient d'être remplacé par une boutique Maubuisson qui paie, dit-on, un loyer de 250 000€/an et La Hune est vendue à Vuitton. Il y a quelques années, déjà, l'hôtel qui jouxte Lipp, devenu filiale d'une chaine américaine, avait changé de nom, perdant ainsi sa référence à la rue qui se dressait autrefois à cet endroit. Le Drugstore qui faisait de si délicieuses glaces à la framboise est devenu magasin de mode. Que reste-t-il de Saint-Germain des Près?
Dior remplaçant le Divan avait réussi à tuer le coin de la rue de l'Abbaye et de la rue Bonaparte. Vuitton risque d'assassiner le coin de la rue Saint-Benoit et du Boulevard Saint-Germain. Saint-Germain des Près meurt, le 10ème et le 20ème s'éveillent.
Dior remplaçant le Divan avait réussi à tuer le coin de la rue de l'Abbaye et de la rue Bonaparte. Vuitton risque d'assassiner le coin de la rue Saint-Benoit et du Boulevard Saint-Germain. Saint-Germain des Près meurt, le 10ème et le 20ème s'éveillent.
2 commentaires:
Triste nouvelle, mais pas tout à fait surprenante. Je suis plutôt habitué du 5e, du quartier du Panthéon, où j'ai vécu aux années 70, mais je connais bien St.-Germain-des-Prés, et depuis 40 ans déjà je suis témoin de la transformation apparemment inéluctable que vous décrivez. Il y a un débat aux E-U sur le "prix" à attacher au "caractère" d'un quartier. À Berkeley, par ex., il y a un quartier avec "a European feel," que les habitants voudraient bien préserver, et ils tentent de faire une sorte d'analyse "coût-bénéfice" pour prouver aux édiles qu'il serait économiquement utile de se passer des revenus de la grande distribution afin de conserver les petites librairies, les restaurants pas trop chers, les boutiques abordables, etc. Je ne suis pas sûr que ce soit là la bonne méthode, mais il s'agit sans doute d'une sorte de baroud d'honneur où on fait feu de tout bois.
L'embourgeoisement et la commercialisation de Saint Germain des prés est décrit et analysé dans "Paris Mosaïque" de Pinçon et Pinçon-Charlot. Une évolution inéluctable où un quartier attractif attire les grandes enseignes qui remplacent l'existant - même la très grande bourgeoisie a plus ou moins été chassée des Champs Elysées par exemple...
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