Sur leur blog à deux voix, Richard Posner et Gary Becker (Prix Nobel d'économie) s'interrogent sur la religiosité comparée des Américains et des Européens. Pour expliquer la bien plus grande foi des Américains ils avancent plusieurs hypothèses de nature économique et notamment la compétition très vive que se font aux Etats-Unis les différentes religions, concurrence plus rare en Europe. C'est une hypothèse intéressante, mais il est une autre qu'ils n'examinent pas : le rôle des églises dans l'aide sociale. Chaque fois que je me suis trouvé aux Etats-Unis dans une église, j'ai été frappé du montant élevé des dons faits par des paroissiens qui n'étaient pas tous forcément riches. Une partie de ces dons est sans doute récupérée par les ecclésiastiques qui mènent bien plus grand train qu'en Europe mais l'essentiel va probablement aux oeuvres sociales. Tout se passe comme si les églises américaines collectaient un d'impôt volontaire à vocation sociale et jouaient le rôle qu'occupe chez nous l'Etat lorsqu'il aide les plus démunis. Dès lors que nous ne sommes pas seulement égoistes, que nous nous soucions de notre prochain, moins d'impôts = plus de religion. Hypothèse osée, je le conçois mais ne pourrait-on pas établir une corrélation entre les statistiques sur la foi et celles sur les niveaux de l'impôt.
2 commentaires:
ça va avoir l'air bête, mais je vais dire que c'est plus compliqué que cela. Curieusement, quand je pense à des démographies différentes aux USA, il s'avère que moins on paie l'impôt plus on est religieux. Le moins religieux des groupes démographiques que je connais est, crois-je, celui qui paie le plus d'impôts, à savoir des gens de moyenne classe et moyenne classe supérieure dans le Nord-Est et sur la Côte Ouest. En revanche, les plus pauvres, qui ne paient pas d'impôt sur le revenu, sont de plus religieux.
Sinon, je pensais plutôt au fait que la diversité aux USA se traduit aussi par une diversité des religiosités. Alors qu'en Europe et au Japon, il existe des religiosités majoritaires prédominantes. Quand cette religiosité s'écroule ou se voit diluée par un sécularisme ambient, ça entraîne la majorité de la population. Aux USA, on développe un rapport vis-à-vis aux institutions religieuses de manière différente selon la religion, Protestante mainline, Protestante évangélique, Catholique, juive, d'autres religions, etc...
Toutefois, ça revient à votre point principal, si je me permets de le retraduire, qui est qu'aux USA la religion s'enracine de manière "bottom-up" et non pas "top-down". En France, par exemple, depuis disons la loi sur l'éducation en 1905 et l'affaire Action française dans les années 1920, la religion n'a plus l'emprise qu'elle avait autrefois parce que le contrôle "top-down" de l'Eglise catholique lui a été ôté par la République.
C'est une question qui m'est souvent venue à l'esprit, dans mon travail à Montréal, alors que les différences entre communautés anglo-protestantes et franco-catholiques se manifestaient parfois dans des appels à l'action volontaire d'un côté alors que de l'autre, on poussait vers des solutions politiques...
Les différences de dons et d'engagements volontaires entre les canadiens de langue anglaise et les québécois de langue française, sont perceptibles clairement dans les enquêtes répétées de Statistique Canada : voir Enquête canadienne sur le don, le bénévolat et la participation.
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