Telos publie un article passionnant de deux économistes, Touria Jaaidane Jaadaine et Robert Gary-Bobo sur la réforme phare de l'ère Sarkozy, celle des retraites des régimes spéciaux. Extrait :
Les dispositions de la réforme de l’automne 2007 sont en apparence raisonnables : elles proposent la création de nouveaux échelons dans leur carrière à ceux des agents qui accepteront de rester au travail plus longtemps et supprime les avantages les plus « dérogatoires » des chauffeurs de rames de métro, comme la bonification qui leur faisait cadeau de cinq années de cotisation et permettait de partir à la retraite à 50 ans. Mais cette réforme est complètement gâchée par l’ensemble des mesures d’accompagnement et le régime transitoire qu’elle a mis en place. Elle commencera donc par coûter de l’argent à l’Etat, avant de permettre d’en économiser un peu, mais bien plus tard… Notons tout d’abord que la réforme ne reçoit de début d’application qu’en 2012 : cela fait cinq ans qu’elle est en fait en sommeil. Ensuite, le régime transitoire s’applique à tous les agents recrutés avant le premier janvier 2009, soit la quasi-totalité des agents en place au moment de la réforme, et il préserve beaucoup de leurs avantages. Nous montrons que ce régime transitoire, qui commence à s’appliquer en 2012, « perd de l’argent ». On peut espérer des effets de baisse des coûts à partir de 2024 !Le reste du papier est à l'avenant mais le plus intéressant est sans doute les enseignements de ce que les auteurs appellent un fiasco, enseignement que François Hollande, tout occupé à se normaliser, serait bien inspiré de faire lire à ses ministres et à ses conseillers qui sortent depuis quelques jours de l'ombre : une réforme, cela se prépare, se construit, se négocie. Il le sait, il l'a mille fois dit. Il ne faudrait que l'impatience des journalistes politiques et de l'opinion ne l'amène à oublier ces règles élémentaires de la bonne gouvernance.
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