L'une des conséquences inattendues de la crise du cheval (je veux dire de la découverte de viande de cheval dans des plats préparés chez plusieurs fournisseurs, Findus, Ikea, Covi…) aura été la décision prise par un grand nombre d'entreprises de ne vendre des produits qu'à base de viande d'origine française.
C'est ce qu'on annoncé successivement Carrefour, Thiriet, Findus, Intermarché (voir cet article du Figaro). D'autres suivront sans doute s'il apparait que cela rassure effectivement les consommateurs. On devrait voir se multiplier sur les emballages l'un ou l'autre de ces logos (l'un, celui de dessous, semble plus "officiel" que l'autre).
Il aura, semble-t-il, suffi d'une chute des consommations et d'une solution proposée par le Président de la République au salon de l'agriculture (que les industriels s'engagent à titre volontaire en attendant une décision de la commission européenne) pour que les industriels prennent des mesures qui devraient tout à la fois assurer une meilleure traçabilité, réduire les circuits (plus besoin de passer par des intermédiaires néerlandais installés à Chypre) et, ce qui n'est pas le moindre intérêt de ces décisions, si elles sont vraiment appliquées, donner un peu d'air à une profession qui souffre depuis plusieurs années.
Est-ce que cela améliorera la qualité des plats préparés? Pas sûr. Est-ce que cela en augmentera les prix? Sans doute légèrement. Surtout si les éleveurs français ne sont pas en mesure de fournir immédiatement toute la viande, comme le suggèrent plusieurs articles de presse, dont celui-ci des Echos. Mais quel est le poids de la viande dans le prix de revient d'une barquette de lasagne?
Cela pourrait surtout avoir des conséquences sur l'organisation même de l'industrie agro-alimentaire. Dans un des premiers textes sur le management, Charles Babbage indiquait que le gouvernement britannique fabriquait lui-même sa propre farine parce que cela lui revenait moins cher que de contrôler la qualité de celle fournie par des industriels sachant qu'il lui aurait fallu contrôler la farine mais aussi le blé utilisé pour la fabriquer. De la même manière, on pourrait bien voir, dans les années qui viennent, les distributeurs procéder à une intégration en amont, construire leurs propres usines pour fabriquer leurs plats préparés pour mieux en contrôler la qualité (sur Babbage, voir ici) sachant qu'ils sont comptables de ce qu'ils vendent à leurs clients et que si, cette fois-ci, le scandale n'a eu aucune incidence sanitaire, il pourrait en aller tout autrement une prochaine fois (d'ores et déjà, Ikéa a retiré du marché des tartes peut-être contaminées avec des matières fécales!) . Certains se sont déjà, semble-t-il, lancés dans l'aventure : Les Mousquetaires possèdent une flotte de 17 navires de pêches, plusieurs abattoirs, 60 usines en France dont trois spécialisées dans la production de plats préparés à base de boeuf. Il n'est pas impossible que d'autres ne s'inspirent de ce modèle.
Cela pourrait, enfin, mais c'est un détail, modifier un peu le poids de nos ministres. Grâce à ce scandale, Benoit Hamon, ministre en charge de la consommation, plutôt discret et quasiment invisible dans les médias, risque de laisser une trace plus significative de son passage que son très turbulent collègue Montebourg dont l'efficacité semble inversement proportionnelle de son agitation.
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