La débâcle de la présidence Bush a sonné le glas du néo-conservatisme américain, mais il n’aura pas fallu longtemps pour voir la droite se réinventer. Elle le fait actuellement sous nos yeux dans deux versions assez différentes qui visent à répondre à la crise économique :
- une version populiste qui se traduit aux Pays-Bas, mais aussi en France par le rapprochement des partis de droite classique et de l’extrême-droite xénophobe, sécuritaire, protectonnistes et anti-européenne ;
- une version libérale et conservatrice en Grande-Bretagne qui remet en cause profondément le modèle social inventé au lendemain de la seconde guerre mondiale.
Cette seconde version a été exposée hier au Congrès du parti conservateur dans un long discours de George Osborne, le chancelier de l’Echiquier. Pour lutter contre les déficits qui annonceraient, à l’entendre, une décennie de déclin, il propose de réunir toutes les aides diverses en une seule, une sorte de crédit, d’allocation universelle réservé aux plus modestes.
Sont visés les allocations familiales, des aides apportées aux plus âgés (notamment une aide au chauffage), les allocations chômage qui seraient réduites, les retraites des fonctionnaires, les effectifs de la fonction publique…
Sur la question de l’immigration, ces deux versions de la pensée de droite diffèrent :
- pour les xénophobes enragés (à la Wilders) ou “raisonnables” (à la Sarkozy), la lutte contre l’immigration est un aspect de la solution,
- pour les conservateurs, l’immigration est un symptôme du déclin de la société et de ses valeurs traditionnelles (goût du travail). Ce n’est pas tant sur l’immigration qu’il faut agir que sur les citoyens qui profitent des aides sociales. Ils insistent particulièrement sur une statistique : l’’économie britannique a détruit pendant cette crise 650 000 emplois tenus par des britanniques alors que les entreprises britanniques ont recruté 139 000 étrangers, immigrés. Il est vrai que les gens ne sont pas échangeables et que les emplois créés n’ont probablement que peu à voir avec ceux qui ont été détruits.
Ces deux versions diffèrent également sur le rôle de l’Etat. Les conservateurs ne sont pas partisans d’un Etat minimal à la manière des néo-conservateurs. Ils savent que l’Etat peut par son action remodeler une société (les conservateurs britanniques vont recentrer ses budgets sur quelques domaines : les transports, la recherche médicale, les réseaux). Mais ils veulent en réduire fortement la voilure (les conservateurs britanniques envsagent de supprimer un tiers des hauts fonctionnaires). Les néo-xénophobes (ou populistes) sont plus attachés à un Etat central, autoritaire et à la concentration des pouvoirs en quelques mains, voire en une seule, comme dans sa version sarkozyste.
Le thème de la sécurité, central dans le discours des néo-xénophobes, est présent dans le discours conservateurs mais il passe au second plan.
PS J’ai hésité sur la manière de nommer ces deux courants :
- j’ai appelé le premier populiste xénophobe “raisonnable” (une formule empruntée à Robert Brasillach qui parlait “d’antisémitisme raisonnable”) ou néo-xénophobe
- j’ai appelé l’autre conservateur, mais c’est négliger sa dimension libérale sur le plan des moeurs (dimension apportée en Grande-Bretagne par les libéraux démocrates). Il serait tentant de les appeler lib-dem pour rappeler leur origine britannique.
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