Il y a quelques chose de rafraîchissant et d'un peu inquiétant à lire des articles d'économie ou de sociologie publiés dans les années 70 dans les revues savantes (AER, JPE…). Rafraichissant parce que l'on comprend ce que veut dire l'auteur, ce qui n'est pas toujours le cas des articles les plus récents, et inquiétant parce que l'on se dit que beaucoup, même parmi les plus importants, ne seraient plus acceptés par ces revues dont les normes de publication se sont considérablement compliquées.
Il y a aujourd'hui des formats très stricts à respecter dont on peut se demander s'ils contribuent vraiment à l'enrichissement de nos connaissances. Il faut, par exemple, justifier absolument toute information d'une référence, d'où une explosion des bibliographies (et des références à des auteurs récents, collègues…) dont on se demande parfois si l'auteur les a vraiment lus.
Je ne sais de quand datent ces évolutions, des années 80, d'un peu plus tard peut-être, mais elles me semblent correspondre à une double évolution de la littérature scientifique dans ces disciplines :
- une mathématisation qui rend très difficile, pour ne pas dire impossible pour qui n'y consacre pas de longues heures, l'évaluation des raisonnements,
- et une diffusion beaucoup plus large de ces textes qui ne sont plus réservés aux seuls spécialistes mais consultés par hauts-fonctionnaires, journalistes…
D'où un paradoxe : plus c'est difficile, plus c'est lu. Paradoxe que ne pouvait résoudre qu'une transformation des pratiques de lecture : plutôt que de lire, comme on faisait autrefois, le texte d'un article in extenso, on se contente d'en lire le résumé, l'introduction et la conclusion. On lit, aujourd'hui les articles d'économistes ou de sociologues comme on lit des brevets, en allant directement à quelques passages soigneusement signalés (introduction avec annonce du contenu des différentes parties, conclusion et bibliographie).
Ces évolutions ont accompagné une concurrence accrue pour être publié. La plus petite école de commerce propose à ses professeurs des primes représentant parfois plusieurs mois de salaire pour le moindre article publié dans une revue classée. D'où une inflation des articles proposés et… des revues qui se créent toujours plus nombreuses et qui se spécialisent sur des créneaux de plus en plus étroits (combien de revue sur le seul et très minuscule thème des business ethics, pour ne prendre que cet exemple?). Avec pour seul résultat que plus personne ne lit personne.
Mais quelle importance puisque cette production ne se traduit moins par une augmentation des connaissances produites que par la multiplication de discussions oiseuses qui ne sont pas sans ressembler aux débats passionnés des scolastiques sur la vertu dormitive de l'opium ou le sexe des anges…
Il y a aujourd'hui des formats très stricts à respecter dont on peut se demander s'ils contribuent vraiment à l'enrichissement de nos connaissances. Il faut, par exemple, justifier absolument toute information d'une référence, d'où une explosion des bibliographies (et des références à des auteurs récents, collègues…) dont on se demande parfois si l'auteur les a vraiment lus.
Je ne sais de quand datent ces évolutions, des années 80, d'un peu plus tard peut-être, mais elles me semblent correspondre à une double évolution de la littérature scientifique dans ces disciplines :
- une mathématisation qui rend très difficile, pour ne pas dire impossible pour qui n'y consacre pas de longues heures, l'évaluation des raisonnements,
- et une diffusion beaucoup plus large de ces textes qui ne sont plus réservés aux seuls spécialistes mais consultés par hauts-fonctionnaires, journalistes…
D'où un paradoxe : plus c'est difficile, plus c'est lu. Paradoxe que ne pouvait résoudre qu'une transformation des pratiques de lecture : plutôt que de lire, comme on faisait autrefois, le texte d'un article in extenso, on se contente d'en lire le résumé, l'introduction et la conclusion. On lit, aujourd'hui les articles d'économistes ou de sociologues comme on lit des brevets, en allant directement à quelques passages soigneusement signalés (introduction avec annonce du contenu des différentes parties, conclusion et bibliographie).
Ces évolutions ont accompagné une concurrence accrue pour être publié. La plus petite école de commerce propose à ses professeurs des primes représentant parfois plusieurs mois de salaire pour le moindre article publié dans une revue classée. D'où une inflation des articles proposés et… des revues qui se créent toujours plus nombreuses et qui se spécialisent sur des créneaux de plus en plus étroits (combien de revue sur le seul et très minuscule thème des business ethics, pour ne prendre que cet exemple?). Avec pour seul résultat que plus personne ne lit personne.
Mais quelle importance puisque cette production ne se traduit moins par une augmentation des connaissances produites que par la multiplication de discussions oiseuses qui ne sont pas sans ressembler aux débats passionnés des scolastiques sur la vertu dormitive de l'opium ou le sexe des anges…
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