lundi, février 20, 2012

Homeland, l'autre Amérique…

A force d'entendre les sottises des républicains et les excès du tea party on peut avoir le sentiment de ce coté-ci de l'Atlantique que l'Amérique des classes moyennes est entrée dans une sorte de délire réactionnaire, incapable de penser ses échecs, ses erreurs et ses drames. Mais est-ce bien le cas? Je viens de regarder une série télévisée, Homeland, qui a reçu de nombreux prix. Cette série produite par Fox, une chaine du groupe Murdoch (que l'on associe plutôt à des éditorialistes familiers des investives et dérapages extrémistes), raconte l'histoire d'un marine fait prisonnier en Irak, resté de nombreuses années prisonnier  d'Al Quaïda, qui rentre aux Etats-Unis. Il y retrouve sa famille mais est rapidement soupçonné par une agent de la CIA d'avoir été retourné.

A la fin de la première saison, ce marine s'apprête à commettre un attentat suicide qui vise le vice-président des Etats-Unis dont on découvre qu'il a organisé sciemment le bombardement d'une école et le massacre de 82 enfants et qu'il a menti sur cette affaire. Ce massacre qui a tué le fils de chef d'Al Quaïda auquel le marine enseignait l'anglais dans une maison élégante et raffinée, explique qu'il soit prêt à commettre cet attentat.

Tout au long de cette série, on entre progressivement dans la personnalité d'un terroriste potentiel, on s'identifie à lui, on lui trouve de bonnes raisons de se comporter comme il fait, on en vient presque à espérer qu'il libère l'Amérique de ce vice-président menteur et manipulateur qui n'a aucun respect de la vie humaine. Puissance d'un récit bien construit : le spectateur ne peut sortir de cela sans s'interroger sur le bien fondé de la politique américaine.

Je ne sais si cette série a été beaucoup vue, elle a eu assez de succès pour qu'une deuxième saison soit prévue, mais j'imagine qu'elle a touché bien au delà des cercles progressistes habituels. Elle confirme, en tout cas, ce que l'on savait depuis longtemps : l'Amérique si prompte aux dérives est aussi capable, et bien mieux que nous, de réfléchir collectivement sur ses erreurs et ses faiblesses.


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