Je viens de passer deux jours au Maroc où j'ai donné une conférence, ce qui m'a donné l'occasion de rencontrer des marocains, à Paris, d'abord, le chauffeur de taxi qui m'emmenait à Orly, puis à Casablanca où j'ai croisé quelques cadres dirigeants de ce pays.
Le chauffeur de taxi, jeune français d'origine marocaine, sachant que je me rendais dans le pays de sa famille, m'a raconté les difficultés de son grand-père qui mourrait de faim si sa famille ne l'aidait pas, celles de sa tante qui n'ayant pas de travail chez elle avait du émigrer, s'installer en France où elle avait trouvé, grâce à sa soeur, mère de ce jeune homme, en un mois seulement, un emploi de femme de ménage avant d'acheter (grâce à un mariage blanc payé, me dit-il, 10 000€) la nationalité française. Il n'était pas amer, trouvant même que nous avions bien tort de nous plaindre tant la vie était plus facile en France que de l'autre coté de la Méditerranée.
A Casablanca, je déjeune, avant la conférence, avec les trois jeunes femmes qui m'ont invité, brillantes, intelligentes, charmantes. Nous bavardons, elles me parlent de leur entreprise, de ses difficultés, de leurs enfants, de leurs problèmes domestiques. L'une sort d'une des meilleures écoles d'ingénieur françaises, l'autre a fait ses études au Maroc, mais après avoir suivi un cursus primaire et secondaire dans des écoles françaises, la troisième, la plus âgée, a fait ses études à Lyon et à Paris. Toutes trois connaissent parfaitement la France, parlent un français impeccable. Nous pourrions être n'importe où dans l'hexagone.
Elle sont jeunes, la conversation tourne autour de leurs enfants (de 3 à 5 ans) qu'elles envoient dans des écoles françaises, très demandées tant l'école publique marocaine s'est, me disent-elles, dégradée, écoles françaises si demandées qu'elles font passer des tests aux enfants (des enfants de quatre ans) avant de les accepter. Une sélection féroce dés le début qui explique sans doute que l'on trouve tant d'enfants issus de cette bourgeoisie d'Afrique du Nord dans nos meilleures classes préparatoires. Comment ne seraient-ils pas meilleurs que beaucoup de nos élèves?
L'une d'elles se plaint de ce que sa fille de cinq ans refuse de parler arabe à sa femme de ménage (des femmes de ménage qu'il est, explique-t-elle, difficile de trouver à Casablanca, si difficile que certaines familles font appel à des Philippines), mésaventure qui ne parait pas si banale puisque les deux autres ont des histoires comparables. Elles se demandent si ce n'est pas la faute de l'école. Je n'ose leur dire que leurs enfants ne font probablement que reproduire leurs propres comportements, qu'il y a dans ce refus de parler leur langue maternelle quelque chose de symptomatique du néo-colonialisme sans colons qui s'est installé dans tant d'ex-pays colonisés où vivent côte à côte un peuple qui se débat dans les pires difficultés et une élite internationale, aussi à l'aise à Casablanca qu'à Paris, aussi aveugle aux difficultés de ce peuple que pouvaient l'être les colons. Ce dont j'ai confirmation, quelques minutes plus tard, lorsque la conversation glisse vers la situation sociale (quiconque le veut peut s'en sortir dans la société marocaine explique l'une de mes convives) puis vers la situation politique qui ne les inquiète pas plus que la situation en Algérie n'inquiétait, à la fin des années cinquante mes camarades pieds-noirs avec lesquels, tout jeune adolescent, je passais mes vacances en Suisse (Pour dire vrai, ces propos optimistes ont été fortement nuancés un peu plus tard par le dirigeant de la filiale marocaine d'un groupe français, bien plus prudent, sinon plus inquiet).
De retour à Paris, j'en parle à une de mes proches qui me rappelle que les Tunisiens avaient été un peu choqués de voir des compatriotes installés en France, diplômés de nos meilleures écoles, se précipiter au lendemain de la révolution à Tunis pour prêter main forte au nouveau régime.
Le chauffeur de taxi, jeune français d'origine marocaine, sachant que je me rendais dans le pays de sa famille, m'a raconté les difficultés de son grand-père qui mourrait de faim si sa famille ne l'aidait pas, celles de sa tante qui n'ayant pas de travail chez elle avait du émigrer, s'installer en France où elle avait trouvé, grâce à sa soeur, mère de ce jeune homme, en un mois seulement, un emploi de femme de ménage avant d'acheter (grâce à un mariage blanc payé, me dit-il, 10 000€) la nationalité française. Il n'était pas amer, trouvant même que nous avions bien tort de nous plaindre tant la vie était plus facile en France que de l'autre coté de la Méditerranée.
A Casablanca, je déjeune, avant la conférence, avec les trois jeunes femmes qui m'ont invité, brillantes, intelligentes, charmantes. Nous bavardons, elles me parlent de leur entreprise, de ses difficultés, de leurs enfants, de leurs problèmes domestiques. L'une sort d'une des meilleures écoles d'ingénieur françaises, l'autre a fait ses études au Maroc, mais après avoir suivi un cursus primaire et secondaire dans des écoles françaises, la troisième, la plus âgée, a fait ses études à Lyon et à Paris. Toutes trois connaissent parfaitement la France, parlent un français impeccable. Nous pourrions être n'importe où dans l'hexagone.
Elle sont jeunes, la conversation tourne autour de leurs enfants (de 3 à 5 ans) qu'elles envoient dans des écoles françaises, très demandées tant l'école publique marocaine s'est, me disent-elles, dégradée, écoles françaises si demandées qu'elles font passer des tests aux enfants (des enfants de quatre ans) avant de les accepter. Une sélection féroce dés le début qui explique sans doute que l'on trouve tant d'enfants issus de cette bourgeoisie d'Afrique du Nord dans nos meilleures classes préparatoires. Comment ne seraient-ils pas meilleurs que beaucoup de nos élèves?
L'une d'elles se plaint de ce que sa fille de cinq ans refuse de parler arabe à sa femme de ménage (des femmes de ménage qu'il est, explique-t-elle, difficile de trouver à Casablanca, si difficile que certaines familles font appel à des Philippines), mésaventure qui ne parait pas si banale puisque les deux autres ont des histoires comparables. Elles se demandent si ce n'est pas la faute de l'école. Je n'ose leur dire que leurs enfants ne font probablement que reproduire leurs propres comportements, qu'il y a dans ce refus de parler leur langue maternelle quelque chose de symptomatique du néo-colonialisme sans colons qui s'est installé dans tant d'ex-pays colonisés où vivent côte à côte un peuple qui se débat dans les pires difficultés et une élite internationale, aussi à l'aise à Casablanca qu'à Paris, aussi aveugle aux difficultés de ce peuple que pouvaient l'être les colons. Ce dont j'ai confirmation, quelques minutes plus tard, lorsque la conversation glisse vers la situation sociale (quiconque le veut peut s'en sortir dans la société marocaine explique l'une de mes convives) puis vers la situation politique qui ne les inquiète pas plus que la situation en Algérie n'inquiétait, à la fin des années cinquante mes camarades pieds-noirs avec lesquels, tout jeune adolescent, je passais mes vacances en Suisse (Pour dire vrai, ces propos optimistes ont été fortement nuancés un peu plus tard par le dirigeant de la filiale marocaine d'un groupe français, bien plus prudent, sinon plus inquiet).
De retour à Paris, j'en parle à une de mes proches qui me rappelle que les Tunisiens avaient été un peu choqués de voir des compatriotes installés en France, diplômés de nos meilleures écoles, se précipiter au lendemain de la révolution à Tunis pour prêter main forte au nouveau régime.
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