La lecture de la presse à propos de "l'affaire Peillon", je veux dire de ses déclarations sur la nécessité de tenir un débat sur le cannabis, illustre la schizophrénie des rédactions, surtout celles de gauche. D'un coté, on dénonce les cafouillages du gouvernement, les couacs et autres boulettes, mais, de l'autre, dans le même papier, quelques lignes plus loin, on explique que ce débat est nécessaire, que 13 millions de Français ont fumé un jour ou l'autre un joint et que la politique toute répressive de la France ne mène nulle part. Il faudrait savoir : si un débat est nécessaire (et sans doute l'est-il), Peillon a eu raison de l'appeler de ses voeux, fut-ce contre les désirs du Président. La solidarité gouvernementale n'était en rien menacée par cette déclaration et les hurlements de la droite ne sont que cela, des hurlements. Il aurait suffi au Premier Ministre de dire que le sujet méritait effectivement d'être discuté mais que l'agenda du gouvernement était suffisamment chargé pour que l'on remette à plus tard réflexion et débat. Tout le monde aurait compris et on aurait évité ce mini-drame. Mais au delà de la succession de maladresses gouvernementales, c'est le comportement de la presse qui fait sourire : j'imagine bien les débats dans la tête des éditorialistes partagés entre des journalistes politiques orphelins de Sarkozy qui cherchent à créer des événements à partir de rien et des journalistes société qui savent, parce qu'ils connaissent le dossier, que la politique actuelle doit évoluer. Et comme entre dans la rédaction d'un éditorial beaucoup de gestion des réactions des uns et des autres, il leur a fallu entamer ce délicat pas de deux. Ce n'est pas la première fois et ce ne sera sans doute pas la dernière. Mais peut-être devraient-ils trancher et donner un peu plus la priorité aux journalistes spécialisés qui connaissent les dossiers et demander à leurs journalistes politiques de prendre un peu de distance : tout ne fait pas information. (Ce matin sur France Inter, l'ineffable Anna Cabana du Point se plaignait de ce que François Hollande n'avait pas parlé plus de cinq minutes aux journalistes qu'il avait invités dans son avion! Voilà une information, Madame!)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire