En demandant à Salim Bachi, écrivain algérien très respecté, d'écrire une fiction dont le héros serait Mohamed Merah, Le Monde a suscité une vive polémique dont on trouve un écho dans cet article de Jacques Tarnero publié dans le Causeur (Merah n'est pas un héros de roman). On comprend la colère de Tarnero, même si l'on ne partage pas tout ce qu'il dit sur le Monde. Mais… la fiction n'est-elle pas la meilleure manière de rendre compte de ce qui, faute de témoignages, d'archives et de documents, échappe au scalpel des psychologues et des sociologues? C'est ce que je me demande depuis que j'ai commencé de lire Oussama, le dernier roman de Norman Spinrad, célèbre auteur de romans de science-fiction qui a choisi pour héros un djihadiste chargé par le Califat, qui a pris le pouvoir au Moyen-Orient, de soulever les beurs français pour… faciliter l'annexion de la Turquie (un peu compliqué en apparence mais assez logique quand on le lit : furieux de la manière dont les occidentaux traitent leurs minorités musulmanes, stigmatisées à cause des attentats exécutés par ce djihadiste, les Turcs élisent un gouvernement islamiste qui choisit le rapprochement avec le Califat que refusaient leurs prédécesseurs).
Ce n'est sans doute pas le meilleur roman de Spinrad, mais c'est passionnant. On y voit les relations sociales en France décrites par un étranger qui nous connait bien (Spinrad vit à Paris) même s'il lui arrive de commettre quelques erreurs (d'où sort-il que mai 68 a mis fin à la quatrième République?) et l'on entre dans la tête d'un de ces jeunes gens qui organisent des attentats terroristes, partagés entre leur foi, infiniment respectable dont ils parlent avec mesure, les ordres reçus, le bon sens et l'envie de ne pas se déjuger face à des caïds de banlieue. Le romancier a toute liberté de construire une personnalité, de donner un semblant de rationalité à des comportements que, faute de les comprendre, nous attribuons trop facilement à la pathologie. A lire, même si l'on peut craindre que ce roman déçoive les amateurs de SF qui n'y trouveront aucun de leurs colifichets habituels.
Ce n'est sans doute pas le meilleur roman de Spinrad, mais c'est passionnant. On y voit les relations sociales en France décrites par un étranger qui nous connait bien (Spinrad vit à Paris) même s'il lui arrive de commettre quelques erreurs (d'où sort-il que mai 68 a mis fin à la quatrième République?) et l'on entre dans la tête d'un de ces jeunes gens qui organisent des attentats terroristes, partagés entre leur foi, infiniment respectable dont ils parlent avec mesure, les ordres reçus, le bon sens et l'envie de ne pas se déjuger face à des caïds de banlieue. Le romancier a toute liberté de construire une personnalité, de donner un semblant de rationalité à des comportements que, faute de les comprendre, nous attribuons trop facilement à la pathologie. A lire, même si l'on peut craindre que ce roman déçoive les amateurs de SF qui n'y trouveront aucun de leurs colifichets habituels.
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