Les commentateurs de gauche (Libé, Mediapart) paraissent plutôt déçus du débat d'hier soir qu'ils ont trouvé soporifique. Il est vrai qu'il n'y a pas eu de bagarre, mais qu'auraient-ils dit s'il y en avait eu une? En fait, un débat à six est à peu près injouable, surtout lorsque les candidats ne veulent en découdre qu'à fleurets mouchetés. Reste tout de même que l'on a observé de nombreux points de convergence sur la fiscalité, le nucléaire la maîtrise des déficits et… une très grande sagesse. Qu'on était loin hier soir de 1981! Les électeurs qui veulent changer la vie seront déçus, les autres (la majorité sans doute) rassurés : avec les socialistes pas de révolution, juste une gestion plus rigoureuse et plus équitable. Plusieurs des grands thèmes classiques de gauche qui étaient traditionnellement l'occasion d'envolées, la relance par la consommation, les nationalisations, ont été tout simplement oubliés. On a bien parlé du blocage des loyers et de dépénalisation du cannabis mais on a senti qu'on était loin de l'unanimité sur ces sujets. Le plus désolant est ce qui a été avancé sur l'emploi. Si Martine Aubry a probablement raison de critiquer les propositions de François Hollande, on ne peut pas dire qu'elle ait fait preuve de beaucoup d'originalité puisqu'elle s'est contentée de ravaler une mesure de l'époque Jospin. On attendait beaucoup mieux d'elle sur le sujet : elle a après tout fait toute sa carrière au ministère du travail dont elle connait les dossiers sur le bout des doigts. Quant aux autres… Ce déficit d'analyse et de propositions n'est pas propre aux socialistes : on chercherait longtemps des idées originales du coté des économistes. Reste qu'il est désolant puisque c'est là que la société attend les politiques. A rester en retrait, les socialistes laissent à la droite la possibilité de développer ses thèses sur le chômage volontaire de tous ceux qui profitent de l'assurance chômage ou des aides sociales.
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